PAULINE JARICOT est née il y a un peu plus de 200 ans

Les chrétiens lyonnais savent, pour la plupart, qui est Pauline JARICOT. Ailleurs, c'est moins sûr.

Ces lignes voudraient évoquer une laïque chrétienne qui a marqué son temps et qui fut une ardente propagatrice du Rosaire. 

Il y a un peu plus de 200 ans, le 21 juillet 1799 à Lyon, dans une famille aisée de négociants en soierie, naissait Pauline-Marie. De santé fragile, elle est prise dans l'engrenage d'une vie mondaine, tout en gardant une foi vive. Coquette, elle ne méprise pas ses succès dans la "bonne société". Des épreuves marquent l'adolescente : la maladie, la mort de sa mère.

A 16 ans, les prédications de Carême de l'abbé Würtz l'engagent dans une vraie conversion. Le jansénisme a encore dans l'Église son influence néfaste. L'abbé Würtz oriente Pauline loin de cette forme étouffante de vie chrétienne, la guide vers la communion fréquente et le service des pauvres, des incurables de l'Hôtel-Dieu. Une foi active, parfois marquée de l'outrance de la jeunesse.

La fondatrice de la Propagation de la foi !

"Dont les rameaux couvriront la surface de la terre"

L'élan missionnaire marque alors la France post-révolutionnaire. L'abbé Philéas, frère de Pauline, est en lien avec les pères des Missions étrangères de Paris. Il les aide et Pauline participe. Son esprit pratique se conjugue avec sa générosité débordante pour organiser la "perception" des collectes. Il s'agit de trouver 10 personnes qui s'engagent à donner un sou par semaine. Si chacune en recrute 10, on passera à la centaine d'associés, etc. 

En même temps les sulpiciens animent une action assez semblable pour leurs missions d'Amérique. Au lieu de travailler en ordre dispersé, pourquoi ne pas organiser le soutien à la Mission universelle ?
En 1822, l'oeuvre de la propagation de la foi est née, d'abord à Lyon, puis à Paris. Pauline n'en sera désormais qu'une modeste centainière.

Dans l'esprit du Jubilé de 1825

1825 est une année jubilaire. Un bon connaisseur de Pauline a écrit : "la grande pensée de Pauline Jaricot a été une pensée d'apostolat universel, par la prière, par le sacrifice et par l'action. Donner la lumière de l'Évangile et la grâce de la Rédemption aux foules qui ne les ont pas encore reçues, ou les rendre à celles qui les ont perdues : telle a été son ambition, immense comme celle du Christ Lui-même".

Pauline avec les compagnes qu'elle avait réunies, s'était depuis longtemps offertes à Dieu en victime, afin, de réparer pour les pécheurs. C'est dans cette préoccupation qu'elle va fonder le ROSAIRE VIVANT. Elle veut que cette dévotion "laissée aux dévotes de profession, (c'est Pauline qui parle !) encore à condition qu'elles fussent vieilles et n'eussent rien à faire", soit renouvelée. Elle veut "faire agréer le Rosaire à la masse" comme elle dit. Elle cherche à trouver quinze associés qui s'engageront à réciter une dizaine de chapelet par jour, avec la méditation de tel mystère choisi par tirage au sort, et qui s'engageront aussi à recruter 5 autres membres, lesquels chercheront à faire de même. L'oeuvre de Rosaire Vivant se développe étonnamment vite, en France et même hors de France, en Inde, au Canada. 

Soutenue par Rome, elle sera affiliée à l'Ordre dominicain en 1836. Elle fit redécouvrir aux chrétiens la valeur de la prière communautaire et le sens de l'Église

Lyon, la ville des Canuts

La fille du riche négociant en soie a vite pris conscience de la misère des ouvriers, les célèbres "canuts". 
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1831, année de l'insurrection des canuts. 
     - 1834, il y a des émeutes. 
Pauline est bouleversée et prend des initiatives pour faire face. Avec une générosité trop naïve, elle se lance dans une nouvelle entreprise : une usine chrétienne ! Hélas, elle a donné sa confiance à un escroc. C'est l'échec et la ruine. Elle va essayer de désintéresser les créanciers. Elle y laissera toute sa fortune.

Elle meurt en 1856, inscrite, comme indigente, au Bureau de bienfaisance de la ville de Lyon.

Propagation de la foi...

Les temps ont changé. On n'emploie plus guère le mot de Pauline : "propagation". Il est trop proche de propagande. Nos évêques parlent de "proposer la foi". A Rome, les services dits de la Propagande se dénomment aujourd'hui : pour l'évangélisation des peuples. Pauline était de son temps, mais son exemple reste un appel pour le nôtre.

Prière et initiative, sacrifice et attention aux besoins des petits, participation à la mission universelle. L'échec de sa dernière entreprise, s'il rappelle l'exigence de la sagesse, est peut-être le plus symbolique. Une vie entamée dans la richesse et le succès mondain s'achevant dans la misère, fruit amer d'une générosité sans mesure.
                                                                                                                                   
Michel Loez